

Enveloppé dans un épais silence,
Mon esprit vagabonde ; un peu dans tous les sens.
L’inspiration s’endort, bien fâcheuse manie.
Ma page demeure blanche, comme toutes mes nuits.
Petite flamme fugace, vicieuse et capricieuse,
Muse lascive, moqueuse, trop souvent paresseuse,
L’espoir d’une étincelle qui peut tout rallumer,
S’agite furtivement puis s’envole en fumée.
Où se niche ce talent qui semble m’éviter ?
Dans quelles contrées perdues me faut-il transiter ?
Vouloir capturer cette substance invisible,
C’est oser secrètement me croire éligible.
Pourtant, si mes lourdes paupières s’affaissent une seconde,
Mon imagination s’emballe et redevient féconde.
Elle est là, je la sens, presque tout contre moi,
Cette idée qui m’obsède, me torture et me broie.
Dans mes rêves les plus fous, au milieu des ténèbres,
Éloquent, drôle, créatif, je me voyais célèbre,
Les mots se bousculaient et roulaient sous ma plume,
Accouchant d’un chef-d’œuvre aux multiples volumes.
Mais quand l’aube s’invite, le constat est le même.
Pas l’ombre d’un progrès. Des doutes, des problèmes…
Les rayons du soleil effleurent mon manuscrit,
La blancheur du papier, c’est l’histoire de ma vie.
© Richard Monduc
